Je déteste qu’il pleuve. Mais j’adore la pluie.

Cette double phrase est absurde, non ?

Et pourtant, elle vient de m’apparaître comme une évidence.

À la minute où j’écris ces mots, il pleut des cordes.
Les gouttes tombent fort
Fouettent le gazon devenu vert fluo
Éclaboussent les transats qui jouent les prolongations sur la terrasse
Et perlent sur les baies vitrées.

La lumière, elle, a enfilé une cape dorée.
Cette atmosphère si particulière d’une fin d’après-midi pluvieuse
Vous la connaissez ?

Je déteste qu’il pleuve. Mais j’adore la pluie.

J’ai horreur que la pluie envahisse les verres de mes lunettes et cultive un champ de frisottis sur ma tête.

Mais j’aime regarder les gouttes.
J’aime les sentir, l’été, quand l’air est brûlant et que soudain, l’averse rafraîchit.

Et j’aime les sentir, tout court, avec mon nez.
L’odeur de la pluie en pleine forêt ; la mousse gorgée d’eau, la terre ramollie, presque boueuse.
Mes narines frétillent, rien qu’à l’idée.

Ah aussi !
Je vois des flaques
Attirantes
Irrésistibles
Interdites

Les flaques de l’enfance
Les pieds mouillés
(Parce que bien sûr, on a sauté.)

Et là, maintenant, ce que j’aime par-dessus tout
C’est l’écouter
La pluie

Prêter attention au vacarme des gouttes sur les fenêtres
Leur rythme désordonné
De petits tambours
En dolby surround

Musique parfaite.

J’adore la pluie !

Mais déjà, la voilà partie.
Et la nuit, elle, est en train de tomber
Sans un bruit.

 

Gouttes