Fin août 2018.
Le mistral souffle sur les rives du Rhône.
Dans les rues et ruelles de la cité arlésienne, il se fait plus discret.
On se concentre alors sur les odeurs, les images, les couleurs.
Comme dans toutes les villes du monde où j’ai déambulé, dès qu’on s’éloigne de quelques mètres des travées passantes et touristiques, le calme règne ; et l’on ne croise plus grand-monde.
On flâne.
On se perd.
On revient sur nos pas.
Et si l’on a le clic facile, comme moi, on photographie.
Beaucoup.
Ici une porte fleurie et défraîchie.
Là une ruelle multicolore.
Partout, des affiches déchirées sur des coins de mur.
En Arles, les images placardées au mur sont souveraines.
Affadies par les rayons.
Écorchées par des passants.
Vieillies.
Embellies par le temps.
Partout.
Elles sont.
Cette ville est riche de vestiges antiques.
Cette ville est empreinte d’une douceur de vivre particulière.
Cette ville accueille la Fondation Vincent Van Gogh, qui mérite évidemment qu’on s’y arrête.
Pour la beauté.
Uniquement.
Absolument.
Cette ville est aussi le théâtre annuel des Rencontres de la photographie.
Cette année, mes pas ont emprunté le parcours de Voies Off | Émergences photographiques.
Et là, sur la droite, dans une ruelle en pente douce, au terme de cette pause estivale,
J’ai rencontré les œuvres de Nicolas Henry.
Premières impressions :
De la couleur. Beaucoup.
Une mise en lumière singulière.
Une mise en scène théâtrale.
Des visages. Nombreux.
Des corps. Des attitudes.
Un accrochage et des encadrements étudiés.
De la beauté. Partout. Autour.
Là, sur la droite, dans une ruelle en pente douce.
Ici, point d’image déchirée ou délavée.
Mais des photographies vivantes, vibrantes.
La mise en avant d’une nouvelle série, intitulée “Kitihawa’s Chandelier”.
Ou la rencontre de l’artiste avec des communautés noires américaines à Chicago, et amérindiennes dans l’Utah.
Puis de très grands formats.
Magnifiques.
La bibliothèque, qui me procure une grande émotion.
Nicolas Henry est un aventurier-photographe, qui part à la rencontre des gens, les écoute, les met en scène et les photographie.
Pour résumer son travail en quelques mots, voici ce qui me vient spontanément :
Nicolas Henry invente des images avec des histoires vraies.
C’est beau.
C’est poignant.
Sur la petite table basse, près du catalogue d’exposition, il y a deux gros ouvrages.
Je m’offre l’un des deux.
Il s’appelle Les cabanes de nos grands-parents.
Voici les premiers mots de l’artiste, qui noircissent la première page de mon nouveau précieux :
Lorsqu’on est enfant, la cabane est l’espace du jeu et de l’imagination. On transforme un drap en océan et quelques livres deviennent les îles habitées de Papous et de Robinson. Petit, mon grand-père m’a appris à manier le bois, ma grand-mère l’art de coudre. Plus tard, devenu adulte, presque naturellement, je me suis tourné vers eux pour vivre de nouveau ces instants où nous communiquions par le geste et j’ai pris mes premières photographies des “cabanes de mes grands-parents”. Ces images m’ont convaincu de partir à la rencontre de la parole de nos anciens. J’ai voulu retrouver avec des grands-parents du monde entier ces jeux d’autrefois, riches de transmission, de savoir-faire. Un sac de cordes et de pinces à linge, et les éclairages de mon studio pour seuls bagages, je suis parti sur les sentiers du monde.
Le travail de Nicolas Henry est magnifique.
Poétique.
Émouvant.
[J’ai rédigé cet article au son du théorbe de Bruno Helstroffer, que vous pouvez découvrir ici.
En écrivant ces mots, j’introduis une nouvelle habitude : partager avec vous les notes qui emplissent mes oreilles et marquent ma prose.]
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