La pièce est grande.
Lumineuse.
Les murs sont tantôt recouverts de faïence facettée blanche.
Tantôt enduits de peinture jaune Trumpet.
Les miroirs, au mur, donnent de la profondeur à l’ensemble.
La pièce est grande.
Lumineuse.
L’eau est chaude.
Les gouttes sont rassurantes.
Tant que la vapeur d’eau n’a pas envahi la pièce, je respire.
Profondément.
Et soudain.
En voilà une.
D’abord tapie dans un recoin de mon hémisphère droit.
Elle se révèle subito.
Elle aurait pu s’annoncer d’un “Tadam !” flamboyant.
Mais là.
Elle se présente à moi simplement.
Sans tambour ni trompette.
Tout à coup, elle est là.
À moi maintenant.
De faire un choix.
De l’accueillir en grandes pompes (pieds nus-mouillés, sacré défi !).
De la mettre en sourdine, le temps de rincer mes cheveux.
De l’esquiver.
Ou bien de la regarder en face.
Se déployer devant mes yeux.
Ce que je fais.
À chaque fois.
Et plus ça va, plus j’ai tendance à la fêter.
À saluer son audace (pas froid aux yeux | pas peur de l’eau).
À la remercier d’avoir suivi les gouttelettes semées par ses prédécesseures.
Sous ma douche.
L’endroit qu’elle a choisi.
J’ignore ce qui l’attire.
C’est magique et c’est tant mieux.
Tantôt bonne. Tantôt géniale.
Tantôt saugrenue. Tantôt folle.
Parfois confuse.
Souvent fugace.
Vagabonde. Toujours.
“La neige tombe avec chaque flocon exactement à la bonne place.” Proverbe zen*
Et s’il en était de même pour les gouttes d’eau chaude de ma douche ?
Et si elles tombaient exactement au bon endroit ?
Et si elles cognaient délibérément à mon hémisphère droit ?
Quand j’en laisse une s’insinuer.
Voilà.
La pièce est grande.
Lumineuse.
L’idée est là.
Bienheureuse.
*Découvert dans l’admirable ouvrage de Guillaume Lamarre, La voie du créatif
Oh que je partage !! Ma douche regorge de (bonnes?) idées. Où est-ce plutôt mon cerveau ? Mon cerveau apaisé par ces goutes et cette vapeur dont tu parles. Apaisé ou plutôt reboosté en fait, mon cerveau. Dans tous les cas, les idées sont ont leur là, « exactement à la bonne place » !