L’écharpe d’Iris

Il est 14h, et le soleil dominical perce la paroi vitrée de la porte-fenêtre.
Je passe le week-end dans la maison de mon enfance.
On sort de table, nos estomacs délicieusement alourdis par quelques huîtres et un parmentier de canard.
Je m’apprête à glisser doucement dans la langueur de l’après-midi qui s’ouvre, et puis…

Et puis, je l’aperçois.
Soudain.
Là.
Tout en bas.
Oh, il n’est pas du genre timide. Je le trouve même assez entreprenant.
Il a pris ses quartiers évanescents sur un petit bout de mur.
À cheval entre le blanc de la tapisserie et la chlorophylle de la plante posée au sol.
Il s’est même multiplié.
Magique.

Je vois tout de suite ce qui l’a amené jusqu’ici : c’est une chaise.
Une chaise transparente, mais dont le dossier et l’assise présentent des facettes en relief.
Une chaise transparente en plexiglas.
Magique.

J’ignore depuis combien de temps il est là.
Je ne sais pas non plus combien de temps il va rester.
Peu m’importe. Je m’accroupis pour l’observer.
Par inadvertance, mon épaule le masque un instant.
Je me déporte pour le laisser réapparaître.
Magique.

Son partenaire solaire n’a pas l’intention de bouger.
Alors on peut savourer.
Je me saisis de mon compagnon photographique pour l’immortaliser.
Clac ! Un nouveau petit trésor en millions de pixels.

Émerveillée, j’invite mes parents à profiter du spectacle avec moi.
C’est court, et c’est long à la fois.

Je finis par me détourner.
Et notre dimanche reprend là où on l’avait laissé.

Le protagoniste de mon histoire, c’est le “phénomène de diffraction de la lumière en milieu domestique”.
Mais j’aime mieux la référence mythologique.

Alors je poursuis ma route, enveloppée dans l’écharpe d’Iris.

“On peut s’attacher à certains détails de la vie pour leur seule beauté.”
Tous les fleuves vont à la mer, Belva Plain

CQFD

 

 

Commentaires

3 Comments

  1. Marie

    Que c’est bon, le frisson.
    Merci à vous, Nathalie !

  2. Nathalie Le Coq

    Petite fée magique … je frissonne !
    Bravo …
    Nathalie

  3. Jocelyne Girardin

    A partir d’un rien, ou d’un tout, que de mots magnifiques !

    Oui, c’est cela, profiter de la vie : s’attacher à des petits riens qui font tout !
    Bravo ma grande fille !
    Tu es super !
    Mam

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