Lundi 12 février 2024 – Direction Paris pour rencontrer Cécile !
La fébrilité, hier soir, au moment de boucler mon sac à dos.
Revérifier que tout y est, que l’enregistreur ne s’est pas malencontreusement allumé.
Relire mes notes, ne pas oublier mon carnet, mon ordi portable.
Me dire que je profiterai du TGV pour relire les questions que j’ai préparées et pour remonter tout le fil Instagram de Cécile Rousseau (spoiler alert : il est long ! 😊).
Dormir mal, penser au pneu juste réparé de la voiture, recalculer la durée probable de trajet jusqu’au métro.
Finalement, j’y suis.
TGV 8606. Go.
J’ai relu toutes les notes prises sur Notion pendant la visio avec Cécile et après. C’est parfait pour me replonger dans son univers, ses mots, ce qui lui importe pour ce Portrait sonore.
Je relis les questions préparées et me surprends de tant de pertinence. Haha. Je les avais déjà oubliées 🐟, c’est fou. Bref.
Et je fais ce que j’ai dit qu’il fallait que je fasse : je prends des notes sur mes ressentis, mes questionnements, mes observations devant le travail de l’artiste.
J’ignore dans quelle mesure j’utiliserai cette matière personnelle, mais c’est une parfaite manière de formuler quelque part ce qui me traverse avant d’être trop imprégnée de son discours à elle.
Je note par exemple (même si je sais déjà plein de choses sur sa démarche, dont elle m’a parlé pendant la visio) que je ressens chez elle une joie pure à créer. “Pure” au sens de l’enfance. Il y a une dimension réjouie dans ses œuvres et sa manière de les aborder. Je trouve ça émouvant et beau.
Je suis impatiente de la rencontrer en vrai, de prendre le temps de la “sentir”, de découvrir son atelier et ses œuvres. Verrai-je Saint Liguaire* ?!
Retour d’interview
Si étrange et si chaleureux d’arriver chez elle, dans son appartement, pour le déjeuner, avant d’aller nous installer dans son atelier.
Le repas partagé est un bon moyen de nouer un lien en douceur. J’aime bien.
Installation dans son atelier, qui est une petite pièce de son grand appartement. Elle s’y est juste installée, après avoir testé pendant un temps les autres pièces disponibles. 😊
Je sors de cette interview très fatiguée et profondément nourrie. Avec la conviction d’avoir entendu dans sa bouche de vraies choses importantes.
Elle m’a dit que j’étais une très bonne intervieweuse. J’ai trouvé que mes questions lui avaient inspiré de superbes réponses.
Plus ça va (ça ne fait que trois interviews !) (+ tout CHAMADE) (quand même !), plus je me dis comme c’est précieux d’avoir tous les mots de ces artistes/pros posés sur leur travail, leur démarche, le pourquoi profond qui se cache parfois très bien derrière leurs œuvres.
C’est le cas pour Cécile Rousseau. Si l’on s’arrête à l’esthétique de ses œuvres, même si c’est déjà beau et intéressant comme ça, on passe à côté d’une dimension large et profonde.
J’aime tellement creuser et écouter leurs réponses se déployer. Écouter les évidences qu’elles ont peut-être mis des années à formaliser.
Je me sens hyper chanceuse d’avoir recueilli ses mots. Et plus globalement, d’être révélatrice et réceptrice de tout ça.
Et encore une fois, je me dis que réduire 1h30 d’interview à une dizaine de minutes va être :
– complexe (c’est peu de le dire) ;
– frustrant (haha, litote bis).
Cette interview complète mérite de vivre une vie parallèle au Portrait sonore.
Je crois.
À voir.
Ou alors des capsules bonus, comme on l’évoquait avec Sacheen Sierro, dans la catégorie des suppléments possibles.
À voir. À creuser. À étudier vraiment.
Pourquoi, alors, faire parler une artiste pendant plus d’1h, alors que je sais que l’objet final sera très court ?
Ça me paraît évident, mais peut-être que je changerai d’avis, avec le temps et l’expérience ?
J’ai la conviction aujourd’hui que pour aboutir à des phrases magnifiques et puissantes sortant de la bouche de mes interviewées, je dois emprunter plusieurs portes.
Y aller frontalement, puis par le côté gauche, puis le droit.
Ou plutôt l’inverse : porte gauche, porte droite, fenêtre du 1er étage, baie vitrée du jardin, puis porte d’entrée.
Autre image qui me revient de tout à l’heure : l’escargot, ou le colimaçon.
On tourne, on forme un cercle qu’on resserre au fur et à mesure, jusqu’au centre, au cœur.
Toute l’interview traite du même sujet, au fond : on suit la courbe du colimaçon, on effleure, on plonge, on observe de côté, on se rapproche.
J’ai vraiment visualisé un colimaçon pendant l’interview !
Point de vigilance pour les prochaines fois, peut-être : faire une pause au bout de 50 minutes environ. Je sens une baisse de régime dans ma propre écoute à ce moment-là.
Serait-ce important, vu que le format interview ne demeurera pas ?
Pas sûr.
Autre point, plus essentiel : l’absence de prise de notes. Je n’en ai pris aucune aujourd’hui, car pas pratique sur mes genoux, empêtrée avec mon micro, etc.
Mais je sens comme ce serait utile pour la suite.
En écoutant Cécile, j’ai noté mentalement des moments 🎆🔥💗 dans son discours. Les fameuses “phrases badaboum”. Des éléments fondateurs de son propos.
Je les retrouverai en réécoutant, mais je vais perdre du temps et de la fraîcheur.
Donc : trouver un moyen de prendre des notes sans culpabiliser (c’est surtout ça le problème : comme avec Chloé, je n’avais pas envie de baisser la tête pour écrire pendant qu’elle me parlait les yeux dans les yeux. Je crois en fait que je me crée un problème toute seule.)
Le temps d’enregistrement des “bruits d’atelier” était absolument divin.
J’en ai eu des frissons sur le crâne, comme toujours quand je regarde et que j’écoute quelqu’un qui crée. Vraiment un régal. #ASMR
💡 Raconter ce moment-là quelque part.
J’ai hâte de voir ce que ça donnera sur la bande-son.
Dans le train à l’aller, j’ai écouté 3 épisodes du nouveau podcast d’Adeline Cubères (“Être artiste“), sur les conseils d’une membre de l’Anti Business Club.
Au début, frustration de ne pas proposer aux artistes quelque chose d’aussi clair et distinctif qu’elle.
Impression d’être toujours très floue, lente dans mes offres, mon approche aux contours pas bien définis.
Pourquoi je ne fais pas comme elle ? Que faudrait-il pour ?
Et puis, dès les premières minutes du premier épisode, je ne me sens pas du tout concernée par la partie accompagnement qu’elle présente, pas concernée par son rôle à elle, mais bien plus par la partie artiste, celles et ceux à qui elle s’adresse.
Ma démarche est artistique ; je n’apporte pas un savoir, une compétence, de “l’aide frontale pour” (se vendre, trouver une galerie, etc.).
Par les expériences et objets sonores créés, je mets en valeur celles et ceux avec qui je travaille. En créant moi aussi.
Je repense au compliment de Cécile qui me disait que j’étais une très bonne intervieweuse.
Voilà qui fait partie des choses que j’aime le plus au monde : poser des questions et écouter se construire les réponses.
C’est pour ça que j’ai créé CHAMADE en 2021.
Pour l’amour du beau moment qui se crée, du beau qui se dessine dans mes oreilles, du beau dont on me parle et du beau que je crée et diffuse à mon tour.
Je suis douée pour poser des questions et douée pour mettre en valeur, comme dans un écrin, ce que j’ai entendu et ce qui m’a le plus marquée.
Nadia m’a plusieurs fois parlé de ma démarche journalistique, d’éditorialisation.
Elle a tellement raison.
Me revient l’interview de Geneviève Gauvin chez Fabrice Florent (dans “Histoires d’argent“) et son business tournant entièrement autour de l’affiliation.
Moi, j’aime parler de ce qui me touche, de celles et ceux qui me touchent. De ma manière d’être au monde.
Je ne le fais plus tellement. Ou pas assez.
J’aime écrire ce qui me traverse ; faire du beau avec des mots et du son.
Pour les Portraits sonores, je crois que je tente beaucoup trop de réfléchir à la nature de ce que je fais et de ce que je dois faire.
Comment assurer ma (bonne) place dans les Portraits ?
Comme si on allait passer à côté du fait que c’est moi qui les crée…
C’est tellement inconfortable à écrire, b*rdel.
Dans CHAMADE, personne n’est jamais passé à côté du fait que c’était moi.
Comment officialiser vraiment ça ?
Comment prendre ma place d’artiste (😨 ce mot) dans tout ce que je fais ?
Ou en tout cas, dans le fait que j’ai une démarche de création+diffusion à la sauce Fantaisie Vagabonde ?
Pourquoi ce sujet revient-il constamment ?
Si je me détachais de mon besoin tracassé de monétiser ce que je fais avec La Fantaisie Vagabonde, ça donnerait quoi ?
Toutes les offres payantes ne disparaîtraient pas, mais à quoi ça laisserait plus de place ?
Je repense fort fort à mes projets (qui chamadent tellement, bon sang) de plateforme du beau, de maison d’édition protéiforme, de “colis de beau”…
Bref.
Sortir tout ce bazar de ma tête est extrêmement inconfortable (et l’écrire publiquement, n’en parlons même pas), mais ça ancre quelque chose.
Et je suis –pour la 1 357e fois– épatée par les chemins qu’empruntent mes pensées à l’écoute de podcasts qui n’ont pas grand-chose à voir, a priori, avec mon sujet.
* Il y a une histoire complètement folle derrière cette œuvre. Promis, j’en reparlerai.
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