Lundi 13 mai 2024 – Reprendre le fil ?
10 avril. La dernière entrée dans ce journal date du 10 avril.
Où est passé ce mois mystérieux entre les deux ?
En vrai, je le sais (dans le désordre chronologique) :
– dans 1 semaine de vacances volcaniques
– dans 1 séjour à la Maison des créateurs 💚
– dans 1 semaine de coworking avec un enfant de presque 5 ans
– dans des jours disséminés chargés d’anxiété, de fatigue et de procrastination
– dans un gros sujet légal et litigieux et émotionnellement immensément lourd à régler
10 avril > 13 mai.
Bim.
Je rentre d’une semaine de pause, loin de mon ordi, mais pas vraiment loin de ma tête. Je ne m’éloigne jamais (assez ?) d’elle.
Je rentre fatiguée nerveusement, pleine de doutes et avec une énergie aussi faiblarde que l’indice UV du moment.
Et pourtant, il m’a suffi de relire, à l’instant, mon récit de l’interview de Jill Guillais pour me dire que ça allait être chouette, cette aventure du 4e Portrait sonore.
Néanmoins, j’ai du mal à remonter en selle. Je me rassure en me disant que souvent, mes lundis de reprise sont comme ça. Et que les mardis sont plus légers.
On verra, donc, demain.
***
Il faut dire aussi que ma jauge d’énergie, de confiance et d’enthousiasme a été franchement abîmée (genre un bon gros coup de pelle), il y a quelques jours/semaines.
J’en ai parlé sur Instagram.
Je l’ai raconté dans CHAMADE.
Fin avril, j’ai subi les (j’espère) derniers retentissements d’un litige qui m’occupait par intermittence depuis octobre 2023.
J’en sors cabossée et grandie.
Cabossée par le mépris, par la violence des mots et des actes, par la connerie.
Grandie par ce que j’en ai fait et ce que je n’en ai pas fait.
Grandie et gonflée d’amour par le soutien, les mots doux, les mains fermes qui m’ont portée.
Grandie, mais cabossée.
Cabossée, mais grandie.
***
Et puis, il y a tous les doutes surgis depuis la fin du 3e Portrait sonore.
💸 La certitude qu’en l’état, économiquement, ça ne “tient” pas.
🎆 La conviction que j’adore faire ça, mais que je ne veux pas faire que ça.
👀 L’impression gluante que je ne suis pas encore là où je devrais être.
Et tout ceci ressurgit dans un moment de creux et de vide.
Tiens tiens… c’est familier.
Pourtant, je sens comme j’ai tiré, trop tiré, ces derniers temps.
Comme il était important que je calme le jeu, que je reprenne mon souffle.
Est-ce que, chez moi, souffler rime forcément avec douter ?
Est-ce que je dois reprendre la course pour ne pas être rattrapée par mes pensées ?
Haha. Je connais la réponse.
Et c’est évidemment “non”.
Je ne céderai pas à l’action à tout prix, au cramage en bonne et due forme, au hamster dans sa roue.
Je veux trouver un juste équilibre.
De la place (accueillante) pour mes pensées, même parasites.
De l’énergie (même fluctuante) pour le 4e Portrait sonore et ce(ux) qui suivra(ont).
Du temps long ressenti, devant moi.
Le 1er avril dernier, dans ce même journal, j’écrivais :
“Je ne crée pas du contenu ; je crée du vivant. Et le vivant demande du temps.”
Voilà.
Je vais me souvenir chaque jour de ça.
Et on verra.
***
Ah, au fait !
Après quelques tergiversations, après avoir remballé l’idée, l’avoir redéballée, puis l’avoir rangée de nouveau, il a fallu une question innocente de Sacheen pour que j’y réfléchisse vraiment, cette fois.
Et j’ai décidé.
Je vais publier les Portraits sonores dans CHAMADE.
J’avais peur que leur ajout dans mon podcast perde les gens, qu’on ne voie plus le fil rouge, que ça devienne un melting pot informe.
Néanmoins, je voyais les avantages : ça donnerait aux Portraits sonores une plus grande visibilité, ils toucheraient mes auditrices et auditeurs qui ne me suivent pas forcément par ailleurs (sur les réseaux sociaux, dans ma gazette ou sur mon site Web).
Une phrase de Sacheen a fini de me convaincre : “tout ce que tu fais est très identitaire”.
Et de fait, on retrouve ma patte dans tous mes projets. Celui-ci étant un nouveau projet sonore, il a toute sa place dans CHAMADE.
Et puis, accessoirement, ça me permet de sortir CHAMADE de son sommeil, en attendant de nouvelles interviews !
Le Portrait sonore de Chloé Mugler est le premier qui est en ligne.
À découvrir ici et là :
Lundi 20 mai – M’y mettre avant de tout arrêter
C’est très étrange pour moi d’écrire ce titre, ce matin.
Je viens de préparer les pistes sonores de l’interview de Jill Guillais pour la création du Portrait sonore de trois de ses œuvres.
Nettoyage dans Audacity, puis import des fichiers dans Reaper.
Je suis prête à démarrer.
Je sais qu’une fois lancée, je vais retrouver l’élan, le goût de.
Ces derniers jours, c’était difficile de relancer la machine, même intellectuelle.
C’est un énorme problème pour moi, de laisser beaucoup de temps entre deux projets du même type. Je perds l’envie, l’enthousiasme, l’énergie.
Et paradoxalement, ce temps de pause de quelques semaines était absolument essentiel pour ma santé mentale et physique. Enchaîner trois Portraits sonores en 3 mois 1/2 a été extrêmement exigeant.
Je me lance donc dans le Portrait d’œuvres de Jill plutôt reposée.
Mais je suis aussi certaine d’une chose inattendue (pour moi et aussi, probablement, pour vous qui me lirez ici) :
Après ce 4e Portrait sonore, j’ai décidé d’appuyer sur Pause pour une durée indéterminée.
Je ressens un immense besoin de mise en retrait, de prise de recul vis-à-vis de mes projets artistico-entrepreneuriaux.
Depuis 6, 7, 8 ans (??) que je développe mes activités avec La Fantaisie Vagabonde, je ne cesse d’inventer des offres, de chercher ce qui pourrait intéresser les gens, de me faire plaisir, de tester des formats, d’en adorer certains, de porter jusqu’au bout mes idées.
Bref, je m’amuse beaucoup, mais je fatigue tout autant, voire plus.
Et puis, je ne cesse de chercher la rentabilité sans jamais vraiment la trouver ; je finis par m’impatienter et je me remplis inexorablement d’anxiété.
Bref, depuis toutes ces années, je teste, je valide, j’arrête, je lance, je réfléchis, j’explore, je teste ailleurs, etc., avec, toujours, l’objectif de trouver une activité créative qui me permettra de m’épanouir en grand et de gagner –vraiment– de l’argent. Ce qui pourrait, à terme, me permettre de remplacer mon activité pro historique.
Et là, en ce printemps 2024, je suis fatiguée.
Profondément lassée de toutes ces lignes lancées dans un lac géant.
Les Portraits sonores, aussi stimulants et géniaux soient-ils, ne sont économiquement pas tenables.
Et ils ont, en arrière-plan, fait bouillonner une envie jusqu’ici très discrète : créer mes trucs. Écrire les histoires que j’ai en moi. Suivre mes élans créatifs sans m’appuyer sur l’art ou la démarche de quelqu’un d’autre.
Sauf que cette envie-là n’a, a priori, aucun “avenir financier”.
Il s’agit “juste” d’explorer là où ma plume et ma voix veulent m’emmener.
Après des journées et des nuits maussades et agitées, j’ai décidé d’en parler avec des personnes chères qui se reconnaîtront.
Oraliser mes doutes, ma frousse, ma lassitude, la remise en question globale de tout ce que je fais ces temps-ci a eu une première vertu : me sortir de ma tête bavarde en circuit fermé.
Deuxième vertu : des discussions magnifiques qui m’ont apaisée, fait réfléchir autrement et aidée à entrouvrir une autre voie.
Il y a quelques jours, j’ai décidé de laisser de la place à ça : l’autre voie, ma voix à moi.
Et pour ce faire, d’y aller en deux étapes :
1️⃣ Me laisser du temps pour ne rien faire. C.-à-d. m’offrir le luxe de faire ce que je veux des heures jusqu’ici dédiées aux activités de La Fantaisie Vagabonde.
Je vais retrouver des après-midi libres ! Et comme me l’a dit Amélie : je vais m’autoriser l’“école buissonnière”.
Ça durera peut-être 1 mois, peut-être 2. On verra.
2️⃣ Puis, donner sa chance à l’une de mes idées de création personnelle et la mener jusqu’au bout. Sans réfléchir à une quelconque rentabilité. Peut-être que je vendrai cette chose encore inconnue. Peut-être pas.
Pour cette étape, j’aurai besoin d’un cadre temporel, que je fixerai quand ce sera le bon moment.
Je me sens infiniment allégée et apaisée, depuis que j’ai pris cette décision. Sûre de moi.
En attendant, c’est l’heure de me plonger dans les mots, les pâquerettes et les hortensias de Jill Guillais. 💖
***
Cet après-midi, je commence par relire et taper dans Scrivener toutes les notes que j’avais prises pendant l’interview.
J’ai l’impression de lire un compte-rendu très parcellaire, sans contexte.
Hâte de me replonger dans la piste sonore pour bien me remettre d’aplomb !
J’ai aussi écouté quelques minutes de l’après-interview (j’avais laissé tourner l’enregistreur), où on parle de la vie du Portrait sonore une fois qu’il sera réalisé, de l’éventualité qu’il soit plus long (sujet évoqué aussi par messages interposés par Jill, il y a quelques jours. Besoin de précisions de sa part pour me positionner : il y a beaucoup de matière dans l’interview qu’elle aimerait pouvoir valoriser et me demande si je pourrais, donc, allonger son Portrait d’œuvres).
Demain, je me lance dans la réécoute en prenant bien soin de suivre le processus que j’avais suivi (et noté !) pour les Portraits précédents.
À très vite ! Et ne t’en fais pas ; les roues de hamsters tournent parallèlement les unes aux autres ; faudrait tourner la tête fort fort pour se voir bien. 😘
La vitesse du temps (?!!) qui passe et le rythme effréné de ma propre roue de hamster m’ont fait passer à côté de ce que tu vivais, et j’en suis toute attristée. Je ne doute pas que du temps de repos te permettra de revenir plus apaisée et de conduire de (nouveaux) projets avec passion. Et j’aimerais qu’on puisse échanger de vive voix de tout ça ! A très vite, donc 🙂
Un grand merci, Marie.
Je suis si étonnée et rassurée (rassérénée, même) de voir que cette “crise” que je traverse n’est pas du tout isolée.
Il est temps qu’on reprenne la main sur nos rythmes respectifs, nos priorités et nos choix.
Je te souhaite à mon tour de bien prendre soin de toi. ♥
J’ai comme l’impression que ce printemps un peu (beaucoup) bizarre a malmené beaucoup d’énergies, mis a nu beaucoup de questionnements, chez beaucoup de créatrices et d’entrepreneures… En tout cas, je me retrouve dans tes mots et tes doutes/anxiétés, j’ai du moi aussi faire un stop (mon corps ne m’a pas laissé le choix), et cette impression de hamster je l’ai aussi, c’est difficile de pas se laisser embarquer dans une frénésie finalement peu productive malgré les apparences.
Heureusement que nous avons des oreilles bienveillantes pour y déverser nos états d’âmes et les paires d’yeux frais qui vont avec pour nous aider à voir d’autres perspectives !
J’ai hâte d’en savoir plus sur cette idée qui semble te rebooster, je suivrais comme toujours avec attention tes news, et je te souhaite une bonne pause et un bon cheminement !!