Mardi 23 janvier 2024 – De retour d’interview
[Ceci est la transcription de 3 notes vocales enregistrées dans ma voiture, sur le chemin du retour. 🤓]
Je sors de chez Chloé Mugler pour l’enregistrement de l’interview qui va servir à son Portrait sonore.
Les choses sérieuses commencent maintenant, puisque j’ai, je crois, 1h30 de matière.
Et ça paraît gigantesque en temps à compresser dans un Portrait sonore de 10 ou 15 minutes (peut-être même moins).
C’était un super moment. Je suis passée par tous les états pendant l’interview.
Son environnement de travail est hyper agréable. Son atelier est installé dans une pièce de sa maison qui date des années 1880 et donne sur un grand jardin au bout duquel il y a un grand champ de maïs, au repos actuellement. On voit loin, on respire !
Son atelier est hyper chaleureux dans les couleurs. Elle a des rideaux jaunes aux fenêtres ; il y a une grande bibliothèque que son mari a construite dans un bois un peu vintage, dans un marron ni clair ni foncé, plutôt miel. La belle bibliothèque est remplie d’objets et de livres d’art, mais pas que.
Ça crée une atmosphère vraiment très agréable.
Il y a plein de toiles sur les murs et ses chevalets, un joli petit canapé dans lequel elle s’est installée. Une petite chaise avec de la fausse moumoute beige sur laquelle, moi, je me suis assise. Une table basse.
Je m’y suis sentie très bien, même s’il n’y faisait pas chaud. Il y avait, dans cette pièce, quelque chose de chaleureux qui réchauffe le corps. J’avais froid aux pieds, mais sinon j’étais bien et j’ai siroté le thé qu’elle m’avait servi.
J’essaye de reprendre le fil.
L’installation du matériel, ce sont les automatismes de CHAMADE. Et ce truc qu’elle a évoqué elle aussi, qui revient souvent chez les gens : c’est le fait d’avoir le micro devant la bouche, sur le trépied, ça crée quelque chose tout de suite de très solennel, qui l’a effrayée au démarrage.
Mais l’interview avançant, je l’ai sentie –entendue– se détendre. Et il y a eu un basculement à un moment donné, parce que j’ai transgressé la règle qui veut que je pose uniquement des questions : j’ai réagi à ce qu’elle avait dit, en exprimant un avis.
Le fait de rentrer dans un mode beaucoup plus conversationnel, j’ai senti même dans sa voix que ça avait libéré, détendu quelque chose. À retenir, ça, peut-être, ou alors est-ce que ça se fera différent les prochaines fois ?
Je ne vais pas refaire l’histoire chronologiquement, mais j’ai eu un gros moment de panique à un moment donné, pour deux raisons :
😱 Je me suis dit : “mais je vais avoir une matière immense ! Comment je vais faire pour en extraire le plus important ?” Même si, petit à petit, j’ai entendu des choses où je me suis dit : “ça c’est important”.
😱 Et puis aussi, une difficulté : le format de l’interview suppose une tonalité, une manière naturelle de s’exprimer. Des “comme je t’ai dit tout à l’heure”, “tu vois”, etc. qui vont sans doute me compliquer la tâche.
Comment je vais rendre ça léché dans un Portrait sonore ?Ma panique me disait : “c’est pas du tout le bon format, c’est pas comme ça qu’il faudrait interviewer les gens. Il faudrait que ce soit plus formel”. Et, en même temps, je suis convaincue que si c’est formel, ça va perdre le naturel et la spontanéité, et ça ne me plaira pas.
De la bonne grosse panique, quoi. Mais très passagère. Ouf.
Je me suis aussi demandé si je ne pourrais pas utiliser cette interview complète d’une manière ou d’une autre. La lui transmettre telle quelle, ou alors l’habiller comme si je faisais un épisode de CHAMADE (sauf que là, c’est pas CHAMADE).
Est-ce que ça aurait un intérêt pour elle ?
C’était un super moment, avec de vrais échanges et de la complicité entre nous, et moi qui suis intervenue à plusieurs reprises. Il y avait quelque chose de vraiment super vivant et je me dis que peut-être ça pourrait intéresser des gens d’entendre l’entièreté de notre discussion.
Quoi d’autre ?
J’ai rigolé intérieurement, car à l’issue de l’interview, j’ai rangé tout mon matériel, alors que j’avais prévu d’enregistrer ses “bruits d’atelier”. Ahem.
J’ai ressorti le micro rose, un câble XLR et puis le Zoom pour l’enregistrer en train de peindre.
Mais j’ai un peu failli reculer, car elle me disait que peindre à l’huile ne fait pas beaucoup de bruit. Et puis, je me suis reprise et j’ai repensé à mon vrai souhait profond d’avoir des bruits d’atelier.
Donc, dorénavant, être affirmée dans ma décision de capter des bruits, des sons, même si je n’ai aucune idée du résultat. Au moins, je ne regretterai pas de ne pas l’avoir fait.
J’ai noté quelques trucs dans mon carnet, mais très peu finalement. J’étais concentrée sur ce qu’elle disait et j’avais des scrupules à lâcher son regard pour me plonger dans mon cahier.
Ce qui est certain, c’est qu’il va falloir que je réécoute complètement l’interview.
Et un truc que je n’avais pas réglé avant : je me souviens que j’y avais pensé, mais sans le régler. Au début de l’interview de Chloé, j’ai pensé : “merde, j’avais pas tranché”.
La question : est-ce que je fais un enregistrement par question sur le Zoom pour avoir déjà une segmentation, plutôt qu’une longue piste de 1h ?
Au final, j’ai à moitié choisi : j’ai arrêté et repris l’enregistrement à certains moments. Je dois avoir 5 fichiers au total.
Là, j’ai peur que ça me complique la tâche d’avoir un énorme morceau qui fait 55 minutes, puis quelques petits morceaux avant et après. On verra.
Je me suis redit aussi que je voulais absolument, pour ce Portrait sonore, travailler sur Reaper et non pas sur Audacity.
Donc note à moi-même : demander à Amélie si elle veut bien me faire une introduction, une présentation rapide de Reaper. Pour que je comprenne en gros comment fonctionne l’outil et quelles sont les étapes par lesquelles je devrai passer.
Je suis super contente de faire ce premier Portrait sonore avec Chloé, parce qu’il y a une confiance mutuelle, qu’on se connaît. Je sais que je peux être totalement transparente avec elle.
Et avant de rencontrer Cécile Rousseau mi-février pour l’interviewer pour son Portrait, je dois absolument avoir avancé sur le Portrait de Chloé, histoire d’être un peu plus au clair sur le processus, les points de vigilance, etc.
Ah si, il y a eu un truc intéressant : j’ai pointé le fait que les femmes qu’elle peint ont toujours des chevelures épaisses et longues, à la limite de la crinière. C’est rigolo, parce qu’elle n’avait jamais remarqué. Elle a vu quelque chose de nouveau et ça l’a amusée et un peu désarçonnée.
Et il y a eu un autre moment passionnant –et hyper chouette– que j’ai vraiment adoré : quand elle m’a parlé de ses inspirations.
Au début, elle ne savait pas bien quoi répondre. Et d’ailleurs, à deux reprises elle m’a dit que c’était des questions auxquelles elle aurait dû réfléchir avant. C’était une manière élégante de dire que j’aurais dû lui envoyer ces questions-là. Elle a raison.
💡 Il faudra que je transmette en amont ces deux questions aux artistes (si jamais je les re-pose) : Qui sont tes inspirations ? et Y a-t-il des citations ou des pensées qui t’accompagnent dans ta vie d’artiste ?
Le super joli moment : au début, elle ne savait pas trop quoi répondre. Elle a demandé à faire une pause et a fureté dans ses beaux livres. Elle en a étalé une sélection entre nous, les a ouverts.
Alors, elle a pu reparler mieux des différent·es artistes qui l’inspirent, et c’était super ; c’était très beau, même, visuellement de l’avoir en face de moi, avec sa toile de cette femme sortant la tête de l’eau au milieu d’une grande étendue d’eau ; elle, devant cette toile, avec son pull bleu, sur ce joli canapé ; et à côté d’elle, tous ses livres pleins de couleurs, car ses inspirations, ce sont des peintres qui utilisent des couleurs vibrantes.
❓ La question fondamentale, c’est : Est-ce que je me fixe un cadre temporel pour le Portrait sonore de Chloé ?
Ne pas dépasser… 12 minutes ?
Ou alors est-ce que je crée le plus beau Portrait qui soit –selon mes critères– et il fera la durée qu’il fera (avec quand même une limite) ?
Pas la réponse pour l’instant.
Un autre truc aussi pendant l’interview, j’ai eu une grosse peur sur le son : c’est une humaine, donc elle bouge, et notamment la tête, surtout dans la seconde partie, d’ailleurs.
Elle regardait ses toiles ; ça l’inspirait pour illustrer son propos, mais donc, sa bouche n’était plus face à la bonnette du micro.
Et même, petit à petit, elle reculait. À deux reprises, je me suis levée pour rapprocher le micro de sa bouche.
J’espère qu’au niveau du son, je pourrai gérer les variations avec Reaper.
Je me mets encore plus la pression que pour CHAMADE, c’est fou.
Le son doit être PARFAIT.
***
Ne pas perdre de vue que le Portrait sonore, c’est aussi, avant tout, une œuvre créée par moi. Donc, oui, je me mets au service de l’artiste avec pour objectif de la mettre en valeur, mais il ne doit pas y avoir que ça.
Ma patte, c’est pas juste un choix de coupe, un choix de montage.
Ce sont mes Portraits, et ça ne doit pas juste se ressentir dans le montage.
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