Plonger… sans bouée

Je reviens d’une semaine parisienne.
De celles qui font mal aux pieds,
Qui oxygènent le cerveau,
Et provoquent des frémissements dans le cœur.

Je reviens d’une semaine de pause
Stimulante
Pleine
Débordante

Je reviens de Paris
La polluée
La mélangée
La bondée
La qui-pue
La qui-sent-bon-le-chèvrefeuille, aussi
L’excessive
La vertigineuse

Je reviens de Paris
Où j’ai plongé
Dans un bain coloré
Une piscine de couleurs
Un océan de tonalités

À Paris…
J’ai revu les verts bronzés d’Alberto Giacometti ; j’ai touché des yeux les rouges de František Kupka ; je me suis noyée dans les arcs-en-ciel de Takashi Murakami et des trottoirs du quartier ; j’ai goûté les ocres de Gustav Klimt sur écrans géants ; je me suis jetée dans le bleu cascade du TeamLab de La Villette ; j’ai été envoûtée par les opales iridescentes du Musée de la minéralogie ; je me suis enivrée des blancs, des rouges et des bullés des Fines Gueules ; je me suis perdue dans l’Enfance tantôt multicolore tantôt graphite du Palais de Tokyo ; j’ai vibré bleu-blanc-rouge un soir de demi-finale ; j’ai détaillé le visage jaune et bleu et vert de la Dora Maar de Picasso ;  j’ai tiré le rideau brun d’un Fotoautomat pour découvrir le résultat en N&B quelques instants plus tard ; j’ai écouté les travaux d’en face, gris et poussiéreux ; j’ai exploré les murs à la recherche des noir-gris-rouge de Banksy ; j’ai parcouru la chlorophylle des vignes montmartroises et l’azur du ciel ; j’ai été fascinée par les dessins que le plafond tatouait sur mes jambes ; je me suis presque assoupie devant une licorne immaculée et pixellisée à la démarche saccadée ; j’ai cherché la façade jaune de la rue Deguerry ; j’ai laissé mes paupières filtrer la lumière-soleil de chaque matinée…

Mon Paris rime avec couleur.
Avec bonheur
Des yeux
Du ventre
Du cœur

À Paris…
J’ai plongé dans une palette riche.
Tout entière.

Et, qu’il fasse caniculaire ou polaire,
C’est le meilleur bain que je connaisse.

Et vous ?
Où plongerez-vous ?