Jeudi 25 janvier 2024 – Surtout, commencer comme il faudrait
Pensée du matin, au petit-déjeuner, en lisant la newsletter d’une sculptrice.
Pourquoi, comment mon cerveau fait-il des liens de ce genre ? Je sais pas, mais j’aime bien. 😊
Pour le Portrait sonore de Chloé –que je m’apprête à démarrer (le “vrai” boulot), celui de la fabrication du Portrait avec toute la matière glanée– je dois à tout prix prendre le machin à l’envers.
En tout cas à l’envers de mon élan naturel.
Traduction :
👉 Réécouter toute l’interview ; relire toute la matière écrite ; etc., y choper des éléments qui sortent du lot et voir ce que je peux ficeler avec = ❌
👉 Partir du début d’histoire qui semble naître dans mon esprit, me le coller dans chaque oreille et sur chaque œil, puis tout réécouter+relire pour prélever ce qui est pertinent pour cette histoire = ✅
Si ça se trouve, le naturel va revenir au galop et je vais abandonner cette supposée bonne pratique au bout de 3 minutes. On verra.
Au moins, je pourrai pas faire comme si je n’y avais pas pensé.
Ah, et aussi, il se passe un truc important :
Hier, j’ai annoncé publiquement la création de ce Journal de bord de création.
Alors, c’est maintenant officiel : chaque mot que j’écris ici va être lu.
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À la faveur de la lecture d’une newsletter, je découvre le récit du travail autour du “papier de réflexion”, mené dans le Cercle de l’Art de Margaux Derhy 💖.
Besoin et envie de creuser de quoi il s’agit.
Mais déjà, je constate que les questions que ce “papier” comporte sont similaires à celles que je pose aux artistes avec lesquelles je travaille. Creuser dans la matière, dans le pourquoi, dans le comment, etc.
Je comprends, d’après mes premières mini lectures sur Internet, que ce travail exploratoire n’est pas du tout monnaie courante chez les artistes. Ah bon ? (Concept anglo-saxon, apparemment.)
Et j’y vois une occasion de tisser un lien avec le Portrait sonore, et peut-être (surtout ?) avec Explorons votre art (tellement envie de relancer un accompagnement collectif !!!).
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Lundi 29 janvier 2024 – L’après-visio avec Cécile Rousseau
Fin de la visio avec Cécile.
Wow, que de matière encore !
Je suis fascinée de voir encore une fois que ces premières questions de cadre suscitent des réponses extrêmement riches, qui dépassent largement l’intention de départ.
On a plongé déjà bien profondément dans sa démarche, et c’est génial. Comme je le lui ai dit, ça me donne déjà beaucoup de pistes pour les questions que je lui poserai en interview dans 15 jours.
Enjeu pour le Portrait de Cécile : trouver la bonne mesure pour parler d’elle et de son histoire personnelle, qui est à la source de son travail d’artiste.
J’ai évoqué cette phrase [de Louis Aragon] qui dit qu’il ne peut pas y avoir de lumière sans ombre ; on est pile là-dedans. Et ça va complètement dans le sens de ce qui la frustre aujourd’hui : que les gens ne voient que la lumière, que le joli dans ses œuvres et passent à côté du plus sombre, de l’épaisseur.
Sacré défi, car évidemment, inenvisageable de tomber dans le pathos.
Sur un fil.
Trouver le fil.
Je vais adorer, je crois, ce travail d’équilibriste.
Comme avec Jill, pour une tout autre raison, je vais devoir trouver le parfait équilibre dans ma manière de raconter Cécile et son œuvre.
Déjà, je sens beaucoup de confiance de sa part ; c’est très rassurant pour moi.
Et elle est hyper impatiente de pouvoir écouter son Portrait, ce qui est absolument réjouissant pour moi.
J’ai adoré l’idée que, pour parler de son travail, elle s’intéresse aux sens. L’année dernière, plutôt le toucher et, cette année, l’ouïe, avec le Portrait sonore comme outil. J’adore. Quel formidable terrain de jeu.
Ça me frappe encore une fois très vivement comme mon rôle = celui d’une passeuse, d’une traductrice.
C’est fou comme mon métier historique se retrouve ici.
Traduire sans trahir.
Umberto Eco qui écrivait “dire presque la même chose“.
Est-ce le travail que je m’apprête à faire ?
Intéressante, cette question, punaise !
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Incroyable synchronicité !
J’avais du retard dans ma lecture des newsletters d’Austin Kleon et de Rob Walker.
Au goûter, je lis celle de Rob Walker du 17/01.
Son titre : “Shuffle Your Senses“.
Il y propose un exercice de perception+création, inspiré par Clint Smith :
“- Identify a meaningful smell — what would it look like?
– Identify a striking sight — what does it sound like?
– Identify a notable sound — what might it taste like?
– Identify a distinct taste — how could it feel?
– Identify a specific tactile sensation — what sort of smell does it have?”
[Traduction libre :
– Identifiez une odeur significative : à quoi ressemble-t-elle ?
– Identifiez une scène frappante : quel bruit fait-elle ?
– Identifiez un son remarquable : quel goût pourrait-il avoir ?
– Identifiez un goût particulier : comment pourrait-on le ressentir au toucher ?
– Identifiez une sensation tactile caractéristique : quelle est son odeur ?]
Incroyable que je lise ça maintenant, alors qu’on parlait avec Cécile tout à l’heure de ses sens, de l’odorat qu’elle a perdu il y a 2 ans et de comment elle fait intervenir les autres, leur donne beaucoup d’importance.
Et en plus, cette proposition de Rob Walker est TELLEMENT en lien avec ce que j’adore explorer : les cinq sens + les métaphores sensorielles que j’utilise souvent quand j’écris.
💡 J’ai très très envie d’utiliser ce mélange des sens dans mon écriture et, peut-être (PEUT-ÊTRE ! OUIIII !) comme forme à donner au Portrait sonore de Cécile ?!
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Premières tentatives d’utilisation de Reaper. Au secours.
Suivi deux-trois vidéos de tutoriels sur YouTube, mais c’est déjà tellement technique ! Ça démarre par le téléchargement de multiples plugins, add-ons et machins bidules, et ça me dégoûte direct, alors que j’aurais voulu que ça démarre par un cas pratique où on importe un fichier son pour le travailler. Comme je fais sur Audacity, quoi. Grrr…
J’ai appelé Amélie à la rescousse pour savoir si elle aurait des ressources “lisibles”. Suspense.
Nécessaire que je me fixe une limite de temps passé à cette autoformation avant d’abandonner, éventuellement.
Je dois d’abord et avant tout me mettre à la création du Portrait de Chloé. J’ai pas le temps (ni l’envie) de passer des millions d’années à la prise en main d’un nouvel outil.
Pourquoi suis-je convaincue que je pourrai faire bien plus de trucs avec Reaper pour un rendu jamais égalé ? C’est vraiment vrai, ou pas ?
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Mardi 30 janvier 2024 – Dans le dur + un moment suspendu
Passé un temps certain sur Reaper.
Amélie m’a envoyé ses notes ; c’était bien plus compréhensible que les vidéos YouTube destinées aux expert·es du mixage ; ils m’ont perdue et angoissée ++, ces types.
Bref, je galère quand même ; je trouve ça beaucoup, fouillis, très gris (!) et j’ai hésité déjà 3 fois à repasser à Audacity (j’ai même importé mes fichiers audio sur Audacity).
Une nouvelle ressource en ligne un peu mieux faite que les autres et surtout moins flippante, et hop, me revoilà en selle sur Reaper.
Mais quand même, je suis toujours pas sûre de faire le bon choix en changeant d’outil pour créer un objet sonore encore jamais réalisé.
Double défi ; qui fait ça ?! 😨
Franchement, en écrivant ces lignes, je me re-tâte à retourner sur Audacity.
Aller prendre l’air, histoire de.
Et demander de l’aide à un humain, peut-être ?
J’ai commencé la première passe sur les bandes son de l’interview de Chloé.
Je prends des notes sur Notion en même temps que j’écoute (en x2).
Pour l’instant : dégrossir, identifier les séquences à utiliser telles quelles (peut-être) + écrire le déroulé avec mes questions + les timecodes.
Bouffées de panique à l’écoute.
Qu’est-ce qui sort du lot ? Qu’est-ce qui est intéressant ?
Je me reconnecte à ma sensation-qui-ne-trompe-pas d’après-interview où j’étais remplie de beauté et certaine que je tenais du très bon pour son Portrait.
Je sais que c’est le cas.
C’est juste que cette première étape de “dégrossissement” (oh my… ce mot) est vertigineuse : je pose des mots sur ce que j’ai à ma dispo et je vais voir ce que je vais pouvoir en faire.
Je sais qu’une fois cette première écoute faite, je vais passer à une autre étape que j’adore :
La mindmap a la mano sur une feuille A4.
Je fais ça pour tous mes projets, maintenant ; avec le prénom de la personne concernée au centre.
Ça m’aide beaucoup à extraire les éléments importants.
PAUSE (dehors) !
Et pensée pour le “syndrome de l’objet brillant”. Suis-je là-dedans avec Reaper ?
Je disais à Amélie dans un vocal, à propos de Reaper, que “je me sens comme dans un pays étranger dont je ne parle pas la langue”. 😖
Bref.
Reprise.
Suite et fin de la première écoute.
Et un instant suspendu quand j’écoute les “bruits d’atelier” que j’ai enregistrés. Ça semble globalement inexploitable (trop de bruit de fond, pas assez celui du pinceau).
En revanche, un échange de quelques mots entre Chloé et moi, un peu étouffé, que j’adore ! Elle me montrait que son pinceau était encore trop sec et l’effet produit sur la toile.
Effet coulisses + une certaine tendresse qui m’ont mis un énorme sourire. Comme un mini trésor découvert.
Vais-je pouvoir en faire quelque chose ?
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