Lundi 1er avril 2024 – Remettre à plat et continuer de me questionner
Vendredi, Sacheen m’a envoyé quelques éléments détaillés sur sa deuxième écoute du Portrait sonore. Des “broutilles” (son mot) éventuellement modifiables.
Je perçois dans certaines le regard critique qu’elle porte sur sa propre parole (been there, done that!) (et en vrai, still there, still do that, mais ça se dit pas).
Et dans d’autres, des points à éclaircir avec elle.
Ce nouveau retour, après celui de Cécile sur son propre Portrait me repose la question du cadre post-livraison.
Je livre un produit fini, OK.
Mais je veux que mes client·es soient conquis·es.
Est-ce compatible avec ma règle mollassonne qui dit “pas de retouches” ?
Ça continue de tourner toute la soirée (c’est chiant, les sujets non réglés, qui se réinvitent tant qu’on n’a pas statué !).
Samedi matin, j’en discute avec ma psy (qui me demandait des nouvelles de mon boulot).
Et une phrase qu’elle prononce m’aide à y voir plus clair :
Je suis assez OK avec la perspective de faire des retouches à un Portrait, à condition qu’elles ne dénaturent pas mon œuvre, son essence, mes choix créatifs/artistiques.
La psy me dit que tant que le cadre ne sera pas clair pour moi, il ne le sera pas pour les autres qui passeront dans les interstices. Sans aucune malveillance, mais juste parce que ça manquera de clarté.
OK. Pigé !
Donc, je dois fixer un cadre solide et affirmé à propos de mon processus de création et de sa livraison :
- Qu’est-ce que je fais valider ?
- Est-ce que je montre quelque chose en cours de route ?
- Quelles retouches sont possibles ?
- Jusqu’à quel point ?
- Ces retouches sont-elles payantes (idée soufflée par Grégory et reprise par ma psy ; intéressante !) ?
Ce matin, lundi 1er avril, discussion par vocaux interposés avec Sacheen.
Le Portrait lui va super comme ça, elle me le répète.
Mais les “broutilles” qu’elle a évoquées vendredi me paraissent importantes à traiter, au moins certaines.
Et si je suis la grille de lecture évoquée avec la psy samedi matin : ces éventuelles modifications ne dénatureraient en rien mes choix créatifs. Donc, je vais les appliquer.
Mais seulement quand j’aurai retrouvé ma voix (coucou l’angine familiale !). 🤐
Dans ses vocaux, Sacheen me fait plusieurs remarques intéressantes, que je trace ici pour ne pas les oublier et y réagir :
👉 La possibilité –pour la cliente ou le client– d’écouter la version aboutie, mais pas définitive (comme le font mes “paires d’oreilles” à qui j’envoie les Portraits sonores pour avis).
Si j’envoie cette version-là pour remarques à ma cliente, je perds l’effet “cadeau” et l’effet waouh, puisque l’écoute ne sera pas une écoute de “oh formidable, voici mon cadeau !”, mais plutôt une écoute teintée de “j’écoute avec gourmandise et je suis aux aguets de tout ce qui ne me plaît pas”.
J’ai la sensation que ça change tout et que ça ne me va pas.
Mais ça vaut sûrement le coup que je pose la question, en particulier à Sacheen.
👉 Faire écouter “les bribes” à la cliente. Sacheen parle sans doute de ce que j’avais fait pour Cécile : lui envoyer l’entièreté de l’interview pour écoute et pour retour sur les points qu’elle ne veut pas du tout que je reprenne.
Mon erreur avec Sacheen a été de ne pas l’inviter formellement à réécouter l’interview. J’ai supposé que, comme elle avait les fichiers audio, elle pouvait le faire. Mais c’est complètement idiot. Ne pas dire, c’est toujours prendre le risque de passer à côté de quelque chose !
👉 Elle a fait écouter à deux très proches, sans leur donner de contexte. L’un d’eux n’a pas compris qui parlait (en dehors de Sacheen). C’est seulement à la fin, entendant ma signature, qu’il a compris.
J’ai toujours envisagé le Portrait sonore comme un objet de mise en valeur de quelqu’un ; c’est pour cette raison que je ne souhaite pas me présenter en début de Portrait (au moment de réfléchir à ma signature, j’avais d’ailleurs réfléchi à son placement).
J’ai envie qu’on sache qui a créé cet objet sonore, mais pas que ce soit écrasant, dès le début.
Néanmoins, cette remarque me pose question.
L’autre chose, c’est que j’ai en tête que le Portrait sonore sera toujours contextualisé, présenté, introduit par sa ou son propriétaire. J’imagine mal un Portrait sonore errer comme ça, et tomber dans les oreilles de quelqu’un, sans information connexe.
Mais c’est peut-être une erreur ?
👉 Et enfin, la durée du Portrait. On a fait remarquer à Sacheen que c’était trop long, 15 minutes. Que personne n’aurait le temps pour ça.
J’entends ça. D’ailleurs, j’aurais voulu ne pas dépasser à 10-12 minutes avec le Portrait de Sacheen (comme avec ceux de Chloé et de Cécile).
Mais j’ai décidé que ces 15 minutes étaient les bonnes et que tailler dans le vif, à ce stade, dénaturerait complètement le Portrait.
Rien n’est superflu. Si j’avais senti des redondances ou des “ventres mous”, je les aurais supprimés.
Et sur cette histoire de temps à consacrer : je sais que je joue la rébellion stérile, mais moi, je veux contribuer à un monde où l’on s’offre le temps de.
Où l’on est en mesure de se dire que, si ça en vaut la peine, si on en a vraiment envie, alors on prend le temps.
Je ne veux pas dire le maximum de trucs en un minimum de temps.
Je veux poser une atmosphère, une ambiance, créer une rencontre entre la personne qui écoute et nos voix mêlées dans le Portrait.
Je veux qu’on ait envie de rester. Je veux qu’on ait envie d’arrêter ce qu’on faisait en même temps.
Je considère le Portrait sonore comme une parenthèse, adressée à des gens curieux de découvrir l’autre, et prêts à y consacrer quelques minutes de leur précieux temps.
Je ne crée pas du contenu ; je crée du vivant. Et le vivant demande du temps.
***
Depuis jeudi soir, tourne en boucle la question du business model, avec ces Portraits.
Je passe les détails financiers, mais pour faire court : les Portraits, actuellement, ne sont pas du tout rentables pour moi.
1️⃣ C’est chiant de le reconnaître.
2️⃣ C’est chiant de devoir me poser cette question-là. Je n’ai jamais réfléchi à comment aller plus vite, comment rendre telle action plus efficace, comment gagner du temps ou ne pas en perdre, etc.
Une artiste ou une artisane réfléchit-elle en ses termes ? (C’est une vraie question, pas une question ironico-rhétorique.)
Ce sujet résonne fort chez mes amies entrepreneures à qui j’en parle. La discussion est rouverte (l’a-t-on jamais fermée, celle-là ?). Samantha ouvre des Velux, je m’y engouffre et ouvre les portes en grand. Bref, ça fuse de nouveau.
3️⃣ Et alors, me revient comme une évidence (et pas comme une surprise, tellement cette idée-là affleure à chaque instant, à la surface de chaque chose que je fais) ma vision de média protéiforme.
De faire de La Fantaisie Vagabonde un espace hybride où se crée et se diffuse du beau. Des podcasts (CHAMADE et Moments CHAMADE, pour commencer), des Portraits sonores, des textes, des collaborations, des Parenthèses de Fantaisie (qui s’en souvient ? Qui en était ?!)…
J’ai 1 000 idées, 1 000 envies. C’est évident dès que j’ouvre cette fenêtre-là.
Le seul frein serait : ai-je vraiment les épaules pour ça ?
Bref.
Je laisse ma machine cérébrale faire son boulot et moi, comme m’avait dit Fiona McKerrell dans son épisode de CHAMADE, je vais m’employer à “pomper le jus”. 😁
Donc : on en reparlera.
***
Mardi 2 avril – Ma voix is back et j’entame le numéro 4 !
Ce matin, l’énergie est basse, les idées plutôt grisâtres (comme ce ciel d’avril qui, décidément, n’a pas la tête au printemps).
Aujourd’hui, je “fête” 17 ans de vie professionnelle à mon compte, à traduire les mots des autres.
Bon sang.
J’avais décidé de modifier le modifiable sur le Portrait sonore de Sacheen.
À moi, les “broutilles” !
En 1h, c’est fait. Et c’est très satisfaisant.
J’ai notamment réenregistré ma voix sur un petit passage où je formulais une inexactitude. Erreur réparée.
Re-téléchargement ; renvoi d’un message ; j’attends maintenant le verdict de mon Petit Soleil préféré. 🌞
Et puis, je replonge mon nez dans les travaux préparatoires sur le Portrait sonore d’œuvres de Jill Guillais. La seconde gagnante du concours de novembre, que je pars interviewer la semaine prochaine en Normandie.
C’est laborieux ; je me sens loin.
Je sens (est-ce vrai, ou pas ?) que j’ai perdu la traduction (tiens tiens !) de son travail, de sa démarche, qu’il me faut faire un gros effort pour relancer.
Ou alors, juste : c’est pas le bon moment.
Note pour la suite : rester proche de mon travail sur son Portrait, temporellement parlant, pour ne pas perdre son fil, sa trace.
Autrement dit : le créer en peu de temps, sans le lâcher.
À midi, c’est Parlote créative avec Amélie Charcosset et les autres Parloteuses.
Quel espace fabuleux.
Au début, j’ai dit que je me sentais fatiguée, lasse, que j’attendais le rebond.
Au bout de 1h30, j’avais senti le rebond, et j’étais repartie.
C’est pas de la magie, c’est juste que baigner dans ce bain-là, c’est exfoliant-nourrissant-surpuissant. 💖
Dès 13h30, je me replonge donc dans l’art conceptuel, fantasque et poétique de Jill Guillais.
Je lis, beaucoup.
Et je creuse ses œuvres (son portfolio est merveilleux pour ça).
Je note plein de choses, des impressions, des mots-clés, et déjà des questions pour l’interview de mardi prochain.
La machine est lancée ! Joie.
Je boucle l’e-mail de préparation, que je lui envoie.
J’attends ses réponses pour finaliser mes questions.
Vivement mardi prochain (que j’aime ce sentiment-là) !
Pour l’heure : bilan du mois de mars et projets pour avril. J’ai très envie de remettre le nez dans ma carte Disney pour nourrir la flamme du “média protéiforme”.
Je m’interromps parce que 💖💖💖 !
Dans un commentaire que j’écris sur la plateforme de l’Anti Business Club, j’évoque l’Oulipo. J’explique ce que c’est à la personne à qui je m’adressais et qui ne connaissait pas.
Pour étayer mon propos, je lui copie-colle un lien vers une liste de contraintes oulipiennes d’écriture.
Je m’y plonge avec délice et :
1️⃣ Ça me rappelle plein de souvenirs de l’époque (lointaine) (20 ans ou presque) (gloups) de mes études de lettres et de langues où j’avais découvert l’existence de ce groupe de foudingues.
2️⃣ Je pense tellement à Jill Guillais en lisant ! Notamment la contrainte intitulée “Poème de métro“.
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